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« How Much Can You Carry » les têtes porteuses de Floriane de Lassée

Floriane de Lassée, photographe française, nous présente le fil conducteur de son voyage à la _Filigranes_Floriane_de_Lassée-2rencontre de ceux pour qui les objets racontent une histoire: les porteurs du monde.
How Much Can You Carry? est un hommage à ces porteurs de vie : le poids impressionnant, à la fois physique et moral que représente la vie. Floriane immortalise les marcheurs « porteurs/porteuses de vie » qu’elle croise durant son voyage de 14 mois autour du monde (Rwanda, Ethiopie, Nepal, Japon, Indonésie, Bolivie, Brésil,…). Des fardeaux portés naturellement ou parfois mis en scène par ces marcheurs des pays lointains, le poids que chacun porte en soi, qu’il soit psychologique, héréditaire, religieux, le poids de la société ou encore celui de la famille nombreuse. Ces porteurs de vie lourde, ont le sourire et le rire d’une existence vivable.
DSC04586 noir 2« Maintenant que la série est réalisée et que le livre est publié, je prend du recul et m’aperçois que ce n’est pas tant le « fardeau » (réel ou imagé) qui compte, mais plutôt la manière qu’on a de le porter et de qui sommes nous entourés pour le porter ou le sup-porter. »
« Que le buste soit droit, ou courbé par le poids, la tête reste haute, imperturbable ».
Ce superbe livre publié aux éditions Filigranes, est composé de plus de 60 photographies en couleurs.
A se procurer de toute urgence !
(voir video Filigranes : How Much Can You Carry)

 How much can you carry ?  – Filigranes Editions

Parution : 29 Mai 2014
Collection : Hors Collection
ISBN 13 : 978-2-35046-314-8 Format : 210 x 290
96 pages
Relié couverture cartonnée et toilée 60 photographies en couleurs
28 €

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WeLovePhoto – Vous en tant que photographe et votre style: Quelle est votre expérience en photographie? Quand avez-vous commencé et pourquoi? Qui sont les photographes qui vous inspirent le plus? Quel matériel photo spécifique avez-vous utilisé pour réaliser cette série ?

J’ai su très tôt que je souhaitais être photographe. Vers 14 ans. Car un voisin photographe me photographie depuis que j’ai 4 ans. En revanche, je ne pensais pas qu’il s’agissait d’un vrai travail! Je me suis donc concentrée vers une école de graphisme, Pennninghen ESAG en me disant que je continuerai à réaliser cette passion comme passe temps. J’ai commencé très rapidement à faire des expos : un peu à Paris (en même temps que mon travail de graphiste en agence de pub) et surtout à NCY où j’ai finalement fait mes études de photographie (International Center of Photography)
Artistes qui m’inspirent (pas forcement des photographes justement) : David Lynch, Greg Crewdson, Bill Viola, et pour cette série, inconsciemment Jacques Tati que je vénère totalement. Il arrive à critiquer avec énormément d’humour l’évolution de la société en France il y a quelques décennies. Utiliser l’humour pour faire passer un message m’a tjrs fasciné. J’arrive bien à le faire avec les sentiments comme la mélancolie (cf mes séries précédant celle-ci) mais avec l’humour, c est plus difficile. On devient rapidement ringard.
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WeLovePhoto – La série de photos dans votre livre: Pourquoi se lancer dans un tel projet ? Quel est votre message à travers ces photos? Votre source d’inspiration?
Ce projet est arrivé par hasard. Je suivais mon compagnon dans un tour du monde qui commençait par l’Afrique et n’avais aucune idée de ce que j’allais y faire. je savais simplement que ça allait être bien loin de mes références, de mes aspirations photographiques initiales. J’ai donc creusé, cherché, j’ai regardé autour de moi : au cours de mes balades à travers les villages et les champs, j’ai constaté que de nombreuses femmes portaient des poids immenses sur la tête, pour aller ou venir du marché. C’est d’abord un hommage à ces « porteurs/porteuses de vie » puis lors de la suite du voyage, j’ai évolué : j’ai voulu parler d’un poids plus symbolique : le poids que chacun porte en soi, qu’il soit psychologique, héréditaire, religieux, le poids de la société ou encore celui de la famille nombreuse.
Maintenant que la série est réalisée et que le livre est publié, je prend du recul et m’aperçois que ce n’est pas tant le « fardeau » (réel ou imagé) qui compte, mais plutôt la manière qu’on a de le porter et de qui sommes nous entourés pour le porter ou le sup-porter.
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WeLovePhoto – Votre expérience du livre: Pourriez-vous s’il vous plaît décrire en quelques mots votre expérience pour créer un livre? Critères de sélection des photos, de construction de l’ouvrage? Votre expérience avec une maison d’édition? Que recommandez-vous de faire avant de créer un nouveau livre?
A mon retour de tour du monde (14 mois de voyage), j’avais plus envie, plus que pour les autres séries, d’en faire un livre : pas trop grand et pourtant chic. A la portée de plus de bourses que pour mon ouvrage précédent (Inside Views, Nazraeli Press, 2008, 47€). Il fallait que cela sorte vite car le public découvrait rapidement ce travail et souhaitait en garder trace sous forme de tirages en édition limitée, ou sous forme de livre. La nécessité et l’envie se sont donc rejoint naturellement. Je voulais travailler avec un éditeur français (l’ouvrage précédent a été réalisé aux USA). J’ai tout de suite pensé à Filigranes; je connaissais que très peu Patrick Le Bescont et j’étais assez timide pour présenter mon projet si récent. Il y a tant de photographes qui cherchent à publier un ouvrage que je ne pensais pas qu’il serait intéressé. Notre amie commune, Florence Drouhet a fait le lien. Pour limiter les risques coté édition, j’ai pré-vendu (pré-achat) une certaine partie de la production, ce qui a permis à Patrick de lancer ce projet en assurant le paiement des frais minimum (impression, diffusion, stockage).
Si je devais donner des conseils aux photographes souhaitant réaliser un ouvrage publié en maison d’édition, je dirai :
– mieux vaut une excellente sélection rapprochée, qu’un ouvrage fleuve;
– intéresser les sponsors/partenaires privés (via les sites comme kisskissbangbang ou via les amis) à un pré-achat qui couvrira en partie les risques de l’éditeur (cela peut aussi être, par exemple, un pré-achat de cadeaux société à Noël)
– coupler cela au moment d’une ou plusieurs expos de l’artiste
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WeLovePhoto – Quelle est la prochaine étape: Quels sont vos prochains projets de photos? Des projets de nouveaux livres?
La prochain étape est l’arrivée d’un poids de taille : un bébé que je porte dans mon vente depuis 8,5 mois. Il arrivera presque en même temps que ma signature de cet ouvrage à Paris Photo, sur le stand Filigranes, le samedi 15 novembre entre 14 et 15h !!
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A propos de la photographe Floriane de Lassée :

Après avoir été diplômée de l’école de graphisme Penninghen-ESAG (Paris) en 2000 puis de l’International Center of  Photography (NYC) en 2004, Floriane devient photographe.

Sa série de mises en scène nocturnes, “Inside Views 2004/2011”, dresse un portrait mystérieux et mélancolique de femmes vivant dans les mégapoles. “Inside Views” a fait l’objet d’une monographie éditée chez Nazraeli Press en 2008. Pour donner un nouveau souffle à son travail, elle part en 2012-2013, sur les routes autour du monde. Elle y réalise deux séries : “Half the sky” complète ses photographies urbaines intiales mais parles de destins féminins très variés; l’autre, “How Much Can You Carry ” est une réflexion sur “poids de la vie”; un ouvrage du meme nom est sorti en 2014. Elle est représentée par La Galerie Particulière (Paris), Edelman gallery (Chicago) et l’agence Laurence Boué (Paris).

Son site web : http://www.florianedelassee.com

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