Antoine Tatin est un photographe autodidacte né en 1977 et originaire des Sables-d’Olonne. Photographe humaniste et paysagiste, il auto-édite son premier livre « Front de mer« , composé de superbes photographies des paysages littoraux qui lui rappel sa plus tendre enfance. A travers ses images, on y ressent tant de la douceur, de la rêverie, et parfois de l’ironie. Antoine Tatin nous présente des scènes de vie qui sortent vraiment de l’ordinaire ! La volonté de l’auteur est de retranscrire au mieux les atmosphères rencontrées lors de ses balades le long du littoral.
WeLovePhoto – Vous en tant que photographe et votre style: Quelle est votre expérience en photographie? Quand avez-vous commencé et pourquoi? Qui sont les photographes qui vous inspirent le plus? Quel matériel photo spécifique avez-vous utilisé pour réaliser cette série ?
Je suis auteur-photographe depuis 2006, et j’exerce la profession de photographe à titre exclusif depuis 2009. Je suis entré dans ce monde par le biais de la photo d’art, et progressivement, tout en menant un travail personnel (site web, expositions), je me suis formé à la photographie publicitaire et de portrait. J’ai aussi rejoint une agence photo de presse en 2011.
J’ai donc acheté mon premier réflex numérique en 2005, à une époque où je ne m’épanouissais pas suffisamment dans mes études (thèse d’anglais pour devenir prof à la fac). J’avais alors une idée très confuse de ce que j’allais pouvoir faire avec cet objet. Mon expérience se résumait tout au plus à quelques bobines de famille et des photos de voyage réalisées avec l’ancien réflex Minolta de mon père (lequel prenait un certain plaisir à faire des photos, d’ailleurs). J’éprouvais en fait une grande curiosité, une forme de fascination pour l’objet, couplées à une profonde envie de créer, de laisser s’exprimer ma sensibilité en images.
Mes influences, elles sont diverses, et je crois, un amalgame de visions parfois très différentes mais qui ont en commun une force, une émotion contenue, et qui cultivent à la fois un humanisme et un art de la distanciation (formelle, ironique) . Parmi les « grands », j’aime Depardon, Ronis, Parr. J’aime aussi beaucoup certains jeunes photographes un peu moins connus (je pense notamment à Jean-Luc Bertini et à sa série sur la Crimée) et de manière plus large l’approche contemporaine française du paysage. Parmi mes influences, il y a aussi indéniablement la littérature (celle des Etats-Unis, que j’ai étudiée – Carson Mc Cullers, Faulkner,…), la peinture (les réalistes américains), et je dirais même la musique pop anglo-saxonne (la tonalité de REM, des Smiths, dont je me suis très imprégné du rythme, d’une certaine langueur).
La série présentée dans l’ouvrage a été entièrement réalisée avec un boitier numérique Nikon et un zoom 17-55. J’aime déambuler « léger », en grand marcheur que je suis.
WeLovePhoto – La série de photos dans votre livre: Pourquoi se lancer dans un tel projet ? Quel est votre message à travers ces photos? Votre source d’inspiration?
J’avais exposé une partie de ces images à trois reprises (en 2008, en 2010 et 2011). Chaque nouvelle exposition était un peu la suite et le développement de la précédente. Puis j’ai pris un peu de recul, pour me rendre compte que ces photos valaient bien un livre, et que ce livre viendrait clore ce premier cycle de mon travail, comme l’aboutissement d’une première étape de ma vie d’auteur ! J’ai pensé aussi que mes photos, dans leur cohérence, et aussi parce qu’elle possédaient selon moi une forme de littérarité, se prêtaient bien à l’objet livre, pour lequel j’ai toujours eu beaucoup d’admiration. C’était enfin une façon de les fixer sur un support une bonne fois pour toutes, d’échapper en quelque sorte au caractère éphémère des expositions.
Je ne sais pas si à travers ces images, je tente de véhiculer un « message ». C’est avant tout une sensibilité que j’exprime par leur biais. Je vois dans mes photos de la douceur, de la lenteur, de la contemplation, un peu d’amertume, un peu d’humour parfois. J’y parle peut-être un peu de la solitude ordinaire, de notre époque, tout en tentant d’y échapper un peu en créant des univers un peu suspendus, un peu rêvés, où le temps est comme étiré ; un peu de poésie en somme.
WeLovePhoto – Votre expérience du livre: Pourriez-vous s’il vous plaît décrire en quelques mots votre expérience pour créer un livre? Critères de sélection des photos, de construction de l’ouvrage? Pourquoi L’auto-édition? Que recommandez-vous de faire avant de créer un nouveau livre?
J’ai d’abord été très attentif à la qualité, à la sélection et à la cohérence des photos. Par exemple, j’ai pris soin d’éliminer des photos qui avaient une colorimétrie moins pastelle, plus saturée. J’ai tenu aussi à prendre en compte les avis qu’elles avaient recueillis, tout en tenant à me faire confiance par rapport à des choix plus osés ou à des photos qui avaient fait moins l’unanimité sur les réseaux sociaux ou sites de photo. Ensuite, je les ai disposées dans un ordre globalement assez aléatoire, pensant qu’elles fonctionnaient de toute manière sur le mode de l’écho, de la variation dans la ressemblance. L’évolution du livre, de ce point de vue, traduisait bien le sentiment d’éternité, d’immobilisme, que chacun pouvait éprouver à la vue de chaque photo considérée individuellement. Comme une petite musique lancinante, une fugue polyphonique, où chaque voix est autonome et en même temps fonctionne sur un mode répétitif. J’ai toutefois fait très attention à la manière dont chaque double page se présentait, en faisant en sorte que deux images d’une même double page s’harmonisent dans la tonalité, la couleur et le contraste. C’est l’une des rares contraintes formelles que je me suis imposée.
J’avais déjà consulté de très beaux ouvrages édités sur Blurb. Je me suis dit que ce pourrait être une première belle étape avant de trouver éventuellement par la suite un éditeur. L’outil Blurb est riche en potentialités, l’impression est de bonne qualité, et l’auto-édition permet une liberté totale de choix, d’écriture et de sélection.
A tous ceux qui voudraient se lancer dans cette aventure passionnante, je leur recommanderais juste, au préalable, de rêver leur livre, de l’avoir presque conçu mentalement avant de se lancer dans la création technique. Une fois l’image de son propre livre formée plus ou moins précisément dans l’esprit, le reste est plus ou moins une formalité.
WeLovePhoto – Quelle est la prochaine étape: Quels sont vos prochains projets de photos? Des projets de nouveaux livres?
Actuellement, je continue plus ou moins la longue série entamée (je ne sais plus qui disait que l’on passe sa vie à faire la même œuvre! Flaubert ?), avec quelques changements de forme et de tonalité aussi (format carré, couleurs plus chatoyantes, côté burlesque peut-être aussi plus appuyé). Certaines de mes images actuelles, plus dans l’esprit d’avant, s’inséreraient parfaitement dans une suite de Front de Mer. Mais je commence à me forger l’image mentale d’un prochain livre un peu différent, comme écrin à la série en cours et qui se développe de semaine en semaine.
Présentation d’Antoine Tatin, auteur photographe :
Je commence à m’intéresser sérieusement à la photographie en 2005, avec l’achat d’un premier réflex numérique. J’évolue alors en milieu urbain, à Nancy, et je suis très attiré par les lignes, les compositions architecturales rigoureuses. Je participe rapidement à un premier salon d’artistes où j’expose 5 images abstraites de mobilier urbain. Pendant cette période, je reviens de temps à autre aux Sables d’Olonne, la ville de mon enfance où j’aime particulièrement composer avec l’espace ouvert de la grande plage et un certain type de lumière. En 2008, en Lorraine, j’expose une première série de photographies monochromes & couleur ayant toutes pour sujet la plage et le front de mer des Sables d’Olonne. Les caractéristiques de mon travail actuel y sont déjà présentes : la solitude du promeneur de littoral y est montrée de façon poétique, graphique et parfois minimaliste. Je continue dès lors à associer regard urbain et regard littoral, et suite à mon retour en Vendée en 2009, je propose deux développements successifs à partir de la première série exposée en 2008 : en 2010 avec « Eloge de l’espace (de la plage) », et en 2011 avec « L’Espace comme un autre ». Après quelques années de travail et de recul, en 2014, j’auto-édite mon premier livre, Front de Mer, et je prépare un nouveau cycle d’expositions.
Pour en savoir plus sur Antoine :
> Site web : www.antoinetatin.fr
> Site pro : www.at-photographie.com
> Blog : http://www.atatinphotographie.wordpress.com
> Page Facebook : https://fr-fr.facebook.com/pages/Antoine-Tatin-photographe-auteur/151028771578634